lundi 28 janvier 2008

La communication interpersonnelle

L’école de Palo Alto

Cette expression vient du nom d’une petite ville californienne où ont été menées de multiples études originales sur la communication interpersonnelle. Deux auteurs ont particulièrement nourri cette approche : Gregory Bateson et Paul Watzlawick

Gregory Bateson : 1904-1980

A exercé ses talents dans divers domaines, en particulier l’anthropologie et la psychiatrie. Il a notamment développé le concept de « double contrainte » ou « double lien », processus caractérisant une communication « paradoxale », c’est-à-dire comportant des messages contradictoires. C’est le cas lorsqu’un individu lance à un autre : « sois spontané ! » ou lorsqu’un mari irrité dit à son épouse : « mais bien sûr que je t’aime ! ». Selon lui, le comportement du schizophrène est une forme d’adaptation aux doubles liens répétitifs délivrés par son entourage.

Paul Watzlawick :

Reprend divers concepts de G. Bateson et en élabore d’autres, montrant ainsi qu’il existe une véritable « logique de la communication », composée de différentes règles, par exemple :
- l’impossibilité de ne pas communiquer, puisque même le refus de la communication constitue un message
- la différence entre contenu et relation
toute communication contient une double information, d’une part sur le contenu du message, d’autre part sur la manière dont ce message est émis.
P. Watzlawick a tiré des implications thérapeutiques de ses analyses théoriques.

Erving Goffman : 1922-1982

Le sociologue Erving Goffman est l’un des principaux représentants de ce courant visant à décrire et à analyser des situations concrètes de la vie quotidienne. Selon lui, une fonction importante de la communication est le maintien de la « face », c’est-à-dire l’image positive de soi que l’on tente de présenter aux autres, que ce soit à travers le langage, les postures, l’habillement, etc. il assimile le monde social à la scène d’un théâtre où nous sommes tout à la fois acteurs et spectateurs. Chacun joue ainsi un rôle et confirme ou rejette le rôle joué par autrui. Il a analysé les « rituels d’interaction », tels que les rituels d’accès (salutations et adieux) ou de réparation (présentation d’excuses après un incident).

Roman Jakobson : 1896-1982

Le linguiste russe Roman Jakobson attribue six fonctions au langage :
- la fonction émotive ou « expressive » (centrée sur l’émetteur) : le langage permet d’exprimer des désirs
- la fonction référentielle : le langage permet de donner des informations
- la fonction conative (centrée sur le récepteur) : le langage permet d’agir sur autrui
- la fonction phonétique (centrée sur le message) : le langage peut exprimer des qualités esthétiques
- la fonction phatique (centrée sur le canal) : le langage permet d’établir, prolonger ou interrompre une communication (par exemple : « allo ! »)
- la fonction métalinguistique (centrée sur le code) : le langage permet de parler sur lui-même (par exemple : « autrement dit… »)

La pragmatique

selon cette approche linguistique, représentée surtout par deux philosophes du langage, John L. Austin (1911-1960) et John R. Searle, le langage n’a pas seulement pour fonction de dire mais aussi de faire. Leurs travaux portent notamment sur les verbes performatifs, c’est-à-dire qui ont pour caractéristique d’effectuer une action par le seul fait d’être prononcé (« je déclare », « je te baptise », « je promets », « j’ordonne »)

L’analyse transactionnelle

Cette théorie de la communication, élaborée par le psychologue Eric Berne (1910-1970), utilise divers concepts dont le plus important est celui des états du Moi. Chacun de nous est composé de trois états psychologiques : le Parent (autorité ou réconfort), l’Adulte (analyse objective), l’Enfant (humour, soumission). La communication entre deux personnes est tissée de transactions entre les états de leurs Moi respectifs à tel moment. L’ »analyse transactionnelle » a pour but de décoder ces processus de communication, voire de les modifier s’ils ne sont pas satisfaisants.

L’analyse de conversation

Ce nouveau champ de recherche qui a pris son essor dans les années 70 renvoie en fait une multitude d’approches :
- l’ethnographie de la conversation (D. Hymes, J. Gumperz)
- l’ethnométhodologie (H. Garfinkel puis H. Sacks et E. Schegloff)
- la sociolinguistique (W. Labov, J.A. Fishman)
- l’anthropologie de la communication (E. Goffman), les nouvelles théories de l’argumentation (N. Perelman, O. Ducrot), la linguistique pragmatique (J. Austin) et les approches proprement linguistiques (C. Kerbrat-Orecchioni).
L’analyse de conversation étudie les conversations en situation réelle. Elle montre que le langage courant est loin de correspondre aux règles de la grammaire formelle. Qu’il existe beaucoup de différences dans l’expression selon les milieux sociaux, les situations ; que le sens des mots et expressions dépend beaucoup du contexte, des intonations et expressions faciales qui les accompagnent. Que la conversation comporte beaucoup d’implicite (et donc suppose une culture commune entre les interlocuteurs), que la conversation est fortement ritualisée (tour de parole,…).

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