Suspens à l'ouverture, le titre d'une publication de cette (peut-être) maison d'édition : "le professeur documentaliste, le nouveau défi de l'enseignement scolaire à l'air du numérique : un guide éclairé pour maîtriser tous les nouveaux enjeux! ".
je passe sur le guide "éclairé" (terme qui m'a toujours fait rire, n'en déplaise aux Lumières) et regardons de plus près les informations fournies (semaine de la presse oblige).
- les auteurs : Françoise Leblond (personnel de direction dans l'académie de Paris et dirige le lycée d'Etat, Foyer des Lycéennes Jean Zay, centre de concours des personnels d'encadrement de l'Education nationale. Certifiée en documentation et docteur ès Lettres, elle a notamment exercé des fonctions de proviseur, de principal, de chargée de mission " Etablissements et vie scolaire " au rectorat, et de chef du bureau des collèges au ministère de l'Education nationale), Charles Moracchini ( Architecte dplg, docteur de l'Université en géographie sociale, Charles Moracchini est inspecteur de l'Education nationale et responsable de ZEP. Spécialiste de l'aménagement scolaire des zones fragiles, il s'intéresse plus particulièrement aujourd'hui aux fondements du sens de l'expérience scolaire de tous les élèves au sein de l'école de masse. Auteur d'une méthode complète d'études dirigées fondée sur le concept de " mentalité scripturale ", du cycle 2 au cycle 3, intitulée " Le Tour du Jour en 30 minutes ") et Brigitte Pierrat (rien trouvé sur elle sur Decitre mais un livre sur le bilan de compétence) Les auteurs ont l'air de savoir de quoi ils parlent
- l'accroche : suffisamment lèche-botte : le professeur documentaliste "porteur d'une responsabilité toute particulière dans le système éducatif", mon préféré : "à la croisée de deux mondes (Pullman, sort de ce corps) [...] le beau métier de professeur documentaliste reprend tout son sens et toute sa valeur"
- les encadrés : là, ça se gâte : "comment accompagner l'évolution du centre de documentation vers un learning-center" aïe, moins intéressant, la question à se poser serait plutôt : faut-il transformer le CDI en LC? Qu'y gagneraient les élèves (ma réponse est : rien si ce n'est une perte encore plus grande de repères, une attitude consommatrice envers l'information et une autonomie physique au détriment d'une autonomie intellectuelle)
- ce que je ne comprend pas : "comment porter une attention particulière au processus de construction identitaire de chaque élève"? alors là? on parle d'aide individualisée, d'éducation à ... ? je ne sais pas
- ce qui me fait rire (jaune) :" les croyances individuelles"
passons sur l'encadré "guide pratique", je n'ai pas lu le livre mais la description ne fait pas vraiment envie : la révolution du CAPES (parlons d'une catastrophe pour le système éducatif français), des conseils heureusement éclairés (parce que s'ils sont sombres, ça sert à rien)...
un peu dég' (comme disent les djeunes), je tourne ce prospectus avec une certaine appréhension (comme disent les moins djeunes). et là, miracle, la table des matières avec un florilège d'expressions plus imagées les unes que les autres qui ont bien fait rigoler la salle des profs : le professeur documentaliste "ange gardien du cerveau de l'EPLE" (après les croyances...), "planter une clôture pour mieux s'élever", "le CDI, terre d'accueil au sein de l'EPLE", chapitre 2 : "prendre enfin au sérieux les comportements et les attitudes scolaires", "l'amour des savoirs, boîte noire de la politique documentaire", "la politique documentaire pour vaincre la peur de penser" (j'ai du mal à garder mon sérieux en écrivant!). Le chapitre 3 oublie la partie professeur de professeur documentaliste mais n'en est pas moins très drôle (pour exemple : "la classification comme mise en ordre de l’intériorité de l'élève" oui madame). Le chapitre 4 clôt magnifiquement ce travail : "compétence sans conscience n'est que ruine de l'âme" (rien que ça), "le cœur de cible du professeur documentaliste :mettre la narration et la pensée conceptuelle à la portée de tous les élèves", "réenchanter les valeurs créatives de l'école en temps de crise", "la condition d'outlaw du professeur documentaliste" (rien que ça, hors-la-loi?) pour finir par une partie consacrée, enfin, au "métier de professeur documentaliste"
en conclusion, alors que j'encourage mes élèves à ne pas s'arrêter à la couverture, à lire les premières pages pour voir... Je crois que je suis bien incapable de commander ce chef d’œuvre de 210 pages "environ"!
Alors que les professeurs documentalistes qui font entendre leurs voix luttent (peut-être pour, peut-être contre la majorité silencieuse) pour qu'on remettent l'élève au cœur de nos priorités et non les chiffres et cette logique comptable du seul résultat qui compte. Que faire pour convaincre nos institutions que ces élèves en valent la peine? Que oui, ils ne sont pas toujours polis, ils n'aiment pas forcément travailler, mais que les mettre à 34 par classe face à un ordinateur ne va pas les aider, bien au contraire!
2 commentaires:
Petite précision liée aux auteurs : le congrès de la FADBEN se déroule vendredi et samedi justement à Jean Zay. Je ne veux pas faire de lien entre l'envoi aujourd'hui de cette pub et le congrès mais...
bizarre bizarre... Rassure-moi, ce ne sont pas les idées de la FADBEN (sérieusement, la politique documentaire pour vaincre la peur de penser!!!)
que les participants au congrès posent la question à Mme Leblond
Enregistrer un commentaire